High Maintenance in Toulouse

28 August 2010

Fondu déchaîné

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L'ex-cador du grime Kano constitue un cas à part parmi les mcs britanniques ayant émergé sur les cendres du UK garage au début des années 2000. Devenu star du jour au lendemain par la grâce du single P&Q's , l'homme a immédiatement subi les brimades consécutives à toute signature sur une major : après un 1er album très estimable et une foultitude de passages video sur MTV en mode heavy rotation, sa créativité s'est vue sérieusement diminuée par ses patrons , faute de résultats financiers satisfaisants. Exit donc les instrus 8-bar empreints de désespérance urbaine (pas vendeurs) et bienvenue aux sons clinquants pseudo g-funk accompagnant des featurings douteux pour un second long format à oublier. Une rupture de contrat discographique plus tard, Kano, libéré de sa prison dorée, se lâche à nouveau à coups de mixtapes et de streets albums bruts de décoffrage. Trop longtemps enchaîné, le mc revient donc cette année en mode "j'pète les plombs" secondé, de façon assez improbable, par Boys Noize , histoire d'éviter la camisole des hommes en blanc. Force est de constater que cet alliage entre dinguerie londonienne et rigueur toute teutonne a produit l'un des singles les plus jouissifs de ces derniers mois, le phénoménal Get Wild, même si l'album qui sort ces jours-ci laisse un sentiment plus mitigé. L'objet, qui s'intitule Method To The Madness, ne tient en effet pas toutes ses promesses question lâcher prise. Si les tracks confectionnés par Boys Noize proposent une intrigante, quoique pas toujours réussie, fusion entre turbine electro et dancehall, les autres productions naviguent entre tentatives mainstream (le nouveau single Upside) et bass music allégée (notamment les morceaux élaborés par Hot Chip). L'équipée sauvage de nos rêves n'est donc pas vraiment au rendez-vous malgré quelques rares accès de fièvre délirante.

Kano - Get Wild (Redlight Remix) (Bigger Picture / 2010)

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25 August 2010

Crop Duster



J'avais oublié de vous parler de la sortie il y a quelque temps de cela du dernier EP de Danny Native aka Altered Natives. Or, non seulement c'est un de mes artistes préférés de l'année, mais encore, ce maxi est particulièrement réussi. J'ai donc envie de réparer cette grossière erreur sur le champ, en partageant avec vous sa face B, Crop Duster. Ce titre est symbolique des dernières productions de Danny : une atmosphère deep, une bassline acid, des percus qui rappellent le broken beat, le tout traçant subtilement un lignage entre afro beat et Uk funky. En un mot, le son du futur...

Altered Natives - Crop Duster [3024]

[A acheter sur Juno Download]

16 August 2010

Do you need bass?



Mosca Verde, dont nous vous avons offert en exclusivité un track kuduro au mois de mai, a sorti il y a peu sur Sub Klub Records un EP en téléchargement libre, Sacre Bass, à l'inspiration essentiellement tropical bass. Mosca Verde, c'est le grand manitou du coupé/collé. Ainsi cet EP se compose de divers remixes et d'un mashup dans le style qui excite depuis quelques mois la scène ghetto mondiale, le moombahton (voir sur Vous y êtes*! le très bon article de Dabö sur la question). Les tracks qui composent l'EP - au pied electro bien fat et dirty - vont chercher leur inspiration en un point indéterminé, quelque part entre Amérique Latine et Afrique, sous le soleil exactement, à l'endroit rêvé pour faire du booty shake...

Mosca Verde - Bloody Zulu (Joyce Muniz & Shanti Roots vs. Mosca Verde)


Cliquez sur le lien ci-dessous pour télécharger gratuitement l'intégralité de l'EP !

Liens :

Myspace / SoundCloud/ Mixcloud / Fairtilizer

09 August 2010

YouTube de l'été (2): Soul Clap - Extravaganza



Cuz i had one too many drinks
And ended up at the embassy
With this pretty little thing from Memphis, Tennessee
It was a one night Extravaganza

Et le track en téléchargement, c'est cadeau !

Soul Clap - Extravaganza


04 August 2010

Les dieux du stade

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Les retours conjoints de DJ Fresh, Chase & Status, The Qemists et Pendulum, sans compter les récents travaux de Nero, Noisia ou Magnetic Man, nous amènent à nous demander comment nous en sommes arrivés là. Par là, comprendre l'affirmation d'un son electro (?) global dont l'intention semble être de capter l'audience heavy metal mondiale par l'emploi de dynamiques musicales provenant du rock, seule façon a priori payante pour élargir sa fanbase , d'autant plus si l'on est soumis aux exigences commerciales d'une major. A coups de breakbeats provenant de la drum'n'bass ou de la scène breaks, de wobble bass populistes, de synthés qui sonnent comme des riffs de guitares et de vocaux pompiers suggérant de lever le poing et de faire tournoyer son bracelet de force, les nouveaux dieux du stade tentent visiblement de reproduire le succès phénoménal que le groupe Prodigy a pu connaître dans les années 90. Si le combo de Liam Howlett, intégralement issu du mouvement rave, a,dès 1991, joui d' une gloire non négligeable au Royaume-Uni à travers une série de singles breakbeat hardcore (devenus des classiques pour la plupart et collectés sur le premier album Experience), le groupe n'a pas dépassé avant son deuxième long format les frontières de la Perfide Albion. Pour percer aux Etats-Unis, Prodigy a donc musicalement et visuellement opéré une transition progressive vers le rock indus à la Nine Inch Nails mâtiné de beats hip-hop qui s'est avérée payante puisque leur troisième album fut un carton planétaire.

Si le groupe a donc fourni un modèle à suivre, d'autres acteurs musicaux sont plus directement impliqués dans l'émergence de cette techno de stade qui combine aujourd'hui scientifiquement des éléments jungle, house cheap, trance, rock et pop pour un résultat pas toujours très digeste. Le label drum'n'bass Ram a par exemple joué un rôle déterminant dans la conception rythmique de cette mixture sonore tant il semble avoir tenté, à partir de la deuxième moitié des 90's, de gommer dans ses sorties le principal reproche que l'on faisait à la jungle, à savoir l'impossibilité de pouvoir danser dessus compte tenu de ses beats trop rapides, syncopés et intriqués. De ses efforts résulte notamment le morceau Bodyrock de Shimon & Andy C qui expurge toute référence dread et soul pour préférer des influences techno s'arrimant à une base rythmique plus métronomique, le tout sonnant étrangement organique là où jusqu'ici la jungle donnait l'impression d'une juxtaposition surréaliste d'éléments disparates souvent contradictoires. Globalement si le single reste groovy, il n'en demeure pas moins une première étape vers l'éradication totale de tout aspect funky qui voit de fait le son se rapprocher du (body)rock tout en évitant de sombrer dans la noirceur techstep omniprésente à l'époque. Ram a approfondi cette logique d'une drum'n'bass organique et plus pompière en signant notamment Chase & Status (désormais sur une major) ou Subfocus qui y ont rajouté des éléments trance, house ou dubstep mais toujours reconfigurés pour les masses.

Le groupe australien Pendulum a bien retenu la leçon de Ram, puisque après quelques singles drum'n'bass remarqués au début des années 2000, il signe sur Breakbeat Kaos, label de DJ Fresh & Adam F, dont l'objectif est justement de convertir le grand public à la drum'n'bass au prix d'une mainstreamisation du son conséquente. Le relatif succès de leur premier album qui contient l'anthem prodigiesque Tarentula leur permet par la suite d'intégrer une major qui les transforme tout simplement en véritable combo soft metal.

La France, jusqu'ici préservée, succombe elle aussi à ce tropisme electro-rockiste dans les années 2000 principalement avec l'émergence de la mafia Ed Banger qui injecte une bonne dose de métaux lourds dans la french touch, histoire d'être à la hauteur de son patronyme : Justice se prend donc pour Kiss sans maquillage, Sebastian remixe Rage Against The Machine et une sortie sur deux valorise le cheveu long et gras. Résultat ? Tournée des stades pour Justice avec réhabilitation du blouson en cuir et des milliers de suiveurs en bonus.

Enfin le processus a fini par toucher le dubstep qui de wobble bass en bro-step insiste sur les basses midrange à l'origine de l'élargissement de son audience. Si certains acteurs du courant, tels Caspa ou Rusko, semblent mettre la pédale douce question gros son sur leurs dernières productions, il n'en demeure pas moins que toute une horde de beatmakers en abusent avec la claire intention de sortir de l'ombre pour remplir Wembley.

Pour réaliser le crossover, et sous la pression des maisons de disques, les courants electro apparaîssent plus ou moins condamnés à se fondre dans le moule rock en privilégiant le format album sur le 12", les concerts live plutôt que les dj sets, le formatage pop plutôt que les morceaux déstructurés, les tracks vocaux sur les instrumentaux, l'image plutôt que l'anonymat. En résulte un danger majeur pour ces nouveaux dieux du stade, celui de sombrer corps et âme dans les jeux du cirque.





DJ Fresh - Gold Dust (Flux Pavilion Remix) (Breakbeat Kaos/Data / 2010)

02 August 2010

Summer hits



Entre les soirées et les jobs d'été, peu de temps pour blogger. Pas grave, je vous fais un récapitulatif de ces dernières semaines en quelques lignes. La saison donne des ailes à nos producteurs préférés. Des sons rafraîchissants qui ne sont pas de trop après une journée d'intense chaleur. Sortez les Piña Colada.



Le hit tech-house de l'été. En tête des charts Beatport et joué par à peu près tout le monde, ce Tarentula me rappelle le morceau des Kenton Slash Demon, en moins percussif, plus Ibiza. Les nappes frigides en fin de morceau sont juste parfaites.



Un bootleg de Emynd, producteur from Philly, proche du label Mad Decent. Il ajoute un piano "house à l'ancienne" au Senta de French Fries et le résultat est plutôt bon, summa vibes.



Un morceau disco house pour finir. VDRK tient un beau blog où il nous parle de house, de disco et de re-edits. Idéal par ce temps-là.