High Maintenance in Toulouse

01 May 2009

Setsa ou un supplément d'Âme dans le monde du consumérisme



En ce beau jour du 1er mai, quoi de plus approprié qu'un track de deep house empli de spiritualité, rappelant à qui veut bien l'entendre que c'est dans la sublimation de la morosité ambiante que se trouve le salut ? Car c'est bien de sublimation qu'on peut parler avec Setsa du duo berlinois Âme, track qui parvient à métamorphoser une profonde tristesse en pure beauté en faisant osciller son auditeur entre mélancolie et espoir. On se souvient de Frank Wiedemann et de Kristian Beyer pour leurs précédentes réussites : avec Rej, ils étaient parvenus à réunir, aussi bien derrière que devant les platines, les aficionados les plus obtus de minimale et les amoureux de house. Ce n'est cependant pas ce morceau-là qui est resté le plus ancré en moi, mais un autre de leurs tracks, Nia, qui est lié dans mon souvenir à un moment fort de ma vie de clubber, le set de Juan Atkins aux Siestes Electroniques 2006. Le parrain de Detroit l'a joué en plein coeur de cette prestation mémorable qu'il a exécutée au jardin Raymond VI, à la tombée de la nuit...

Mais revenons au présent. Setsa est d'une richesse mélodique assez rare dans les musiques électroniques. Sur une base house assez classique à la ligne de basse bien ronde, un accordéon comme enrayé vient soutenir la rythmique, accordéon auquel s'ajoutent, parmi d'autres, trompette et sons métalliques. Tous ces instruments préparent lentement l'arrivée d'une somptueuse mélodie rappelant les pianos préparés de John Cage (notamment ceux de Sonates et Interludes pour piano préparé - 1948), qui, après de brèves incursions, finit par se dévoiler dans son entier au bout de 3 minutes 30, avant que le track ne finisse de se déplier subtilement, offrant encore ici ou là tel ou tel moment de plus grande intensité. Ce morceau est sorti le 29 avril ; il est déjà sur High Maintenance in Toulouse (en 320kb/s), et il n'est nulle part ailleurs (n'allez pas chercher sur Hypem !). Je ne saurais trop vous inciter cependant à acheter le second track de cet Ep, dont le titre est Ensor, et qui est lui aussi excellent, dans un registre différent. Vous remarquerez également avec quel goût a été conçue la pochette, qui renvoie aux travaux de Malevitch.


Pour ceux qui ne connaîtraient pas, voici un exemple de ce qu'est une pièce pour piano préparé de John Cage.



Âme - Setsa / Ensor (Innervisions 22) : 12" en vente ici / pour le digital, c'est .

1 comment:

Julien Lafond-Laumond said...

Ce qui est bien avec Ame, c'est qu'on reconnaît très vite leurs morceaux et même leurs sets. Une identité si prononcée, c'est rare. J'adhère !